Depuis toujours, j’aime vraiment beaucoup les perles. Leur formation me fascine (je vous en parlerai plus bas) c’est, encore une fois, un miracle de la nature. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours vu ma grand-mère avec un collier de perles. Il était beau, rosé, très classique, il était doux… comme elle. Puis j’ai eu une passion pour le collier en perles baroques de ma maman… Chacune, à sa manière, s’est approprié cette même matière naturelle, mais dans des styles complètement différents. C’est la magie de la perle. Plus tard, je l’ai choisie comme sujet de projet de fin d’études secondaires, un travail qui était, sans doute, les prémices de mon parcours dans la joaillerie.
Aujourd’hui, les perles continuent de m’inspirer et trouvent naturellement leur place dans mes créations. J’avais donc hâte de découvrir l’exposition mise en place par l’École des Arts Joailliers, avec le soutien de Van Cleef & Arpels, mettant à l’honneur la perle et son histoire parisienne. Cette exposition promet de dévoiler un pan méconnu du marché parisien de la perle et de son influence dans le monde. À travers cet article, je souhaite vous donner l’envie de visiter sans trop vous dévoiler l’intégralité de cette exposition.
Elle se tient à Paris jusqu’au 1er juin 2025. Une visite incontournable pour tous les passionnés de joaillerie et d’histoire !
Un trésor de la nature
Les perles sont des joyaux uniques, nés d’un phénomène biologique fascinant. Contrairement à l’idée reçue, on a longtemps pensé qu’un grain de sable était à l’origine de leur formation. Or, aucune preuve scientifique n’a jamais confirmé cette théorie. En réalité, la perle se forme plutôt en réaction à l’intrusion d’un corps étranger, le plus souvent un micro-organisme – l’huître s’écrète de la nacre en guise de défense à cet élément extérieur. La qualité d’une perle dépend de nombreux facteurs : l’espèce du mollusque, la température de l’eau et sa salinité. Les plus prisées proviennent d’huîtres marines situées dans les eaux chaudes.
Traditionnellement, on distingue les perles fines, formées naturellement sans intervention humaine et les perles de culture, dont la technique a été développée au début du XXe siècle avant de connaître un essor fulgurant dans les années 1920, notamment sur le marché parisien. Longtemps symbole de rareté et du luxe, la perle a contribué à faire de Paris un centre incontournable du commerce perlier.

Si, comme moi, vous avez toujours été fascinés par les perles, vous vous êtes peut-être déjà demandé ce qui fait leur valeur.
Voici quelques critères essentiels :
- Le poids, exprimé en carats aujourd’hui (et en grains jusqu’en 1940). Elle est également mesurée en diamètre.
- La forme, idéalement aussi régulière et parfaite que possible. Sa forme dépend de nombreux facteurs, comme sa position dans le mollusque ou les conditions biochimiques de son environnement.
- La couleur, qui se décline en de nombreuses nuances ! La plus prisée est le crème rosé, tandis que le noir est la plus rare et la plus précieuse. La couleur d’une perle est influencée par l’espèce d’huître, la profondeur à laquelle elle vit et la composition chimique de l’eau.
- Le lustre (ou la brillance), c’est lui qui donne à la perle tout son éclat. Plus une perle reflète la lumière, plus elle est lumineuse, séduisante… et précieuse !
- L’irisation, ce jeu subtil de reflets nacrés, aussi appelé « orient », est dû à la structure des couches externes de la perle fine.
- La pureté. Idéalement, la surface de la perle que l’on appelle « peau », doit être la plus lisse possible. Mais en réalité, on y trouve souvent de petites imperfections comme des piqûres, des taches ou des irrégularités qui peuvent en affecter la valeur.

Lors de ma visite, j’ai plongé dans l’histoire fascinante des perles à Paris. On y découvre comment, à la fin du XIXe siècle et dans les années 1930, la ville était véritablement le cœur du commerce mondial des perles. Importées du golfe arabo-persique, elles arrivaient dans la capitale pour être travaillées, percées et montées par les plus grandes Maisons joaillières de la rue de la Paix et de la Place Vendôme. Cette période a donné naissance à une véritable « perlomanie », influençant non seulement la joaillerie mais aussi l’art sous toutes ses formes : cinéma, photographie, littérature et opéra.
En explorant l’histoire des perles, j’ai été fascinée par la manière dont, à l’aube du XXe siècle, elles ont atteint leur apogée. Recherchées avec passion par les grandes maisons joaillières, elles se sont associées au platine et au diamant, incarnant ainsi l’élégance de la Belle Époque. Cette période, que j’apprécie beaucoup, se distingue par des bijoux aux lignes raffinées. C’est incroyable de voir comment ces créations parviennent à marier la beauté intemporelle des perles avec une modernité qui résonne encore aujourd’hui.
Il est impossible de parler de la perle sans évoquer Coco Chanel. J’ai toujours été inspirée par sa manière de bousculer les codes et de transformer les perles en un accessoire à la fois chic et quotidien. Elle les portait en accumulation, sur des tenues simples mais élégantes, prouvant qu’elles pouvaient être modernes et sophistiquées à la fois. Mademoiselle Chanel était visionnaire et son influenceperdure encore aujourd’hui : les perles font partie de l’ADN de la maison Chanel, un véritable héritage. De nombreuses maisons ont contribué à faire de Paris la capitale incontestée des perles.

La perle a beau traverser les siècles, elle n’a jamais perdu de son éclat. Aujourd’hui, elle se réinvente grâce à des créations qui modernisent sont image tout en préservant son élégance intemporelle.
Ci dessous – ce sont deux créations contemporaines réalisées avec des perles fines et perles de culture que l’on découvre lors de l’exposition. J’avais déjà eu la chance de voir la broche du joaillier JAR lors d’une rétrospective de son travail à New York. L’association des matières est spectaculaire. Quant à cette broche Cactus de la maison Van Cleef & Arpels que je ne connaissais pas, son réalisme et ce côté un peu décalé des perles me plaît beaucoup. La créativité est sans limites et je vous recommande d’aller les découvrir en vrai, les photos ne sont pas à la hauteur de ces joyaux.

L’exposition m’a permis de redécouvrir la perle sous un nouveau jour, de la voir évoluer â travers les âges. La perle continue d’inspirer, de faire rêver, et c’est cette beauté simple qui me parle profondément. Une véritable source d’inspiration pour tous les passionnés de joaillerie.
L’École des Arts Joailliers, Hôtel de Mercy-Argenteau, 16 bis boulevard Montmartre, 75009 Paris Jusqu’au 1er juin, gratuit sur réservation.
Et les perles dans ma collection ?
Les perles de culture occupent une place centrale dans certaines de mes créations comme Mini Padma, Padma, Valaresso et Toba. Dans ces pièces, j’ai voulu réinventer la perle en jouant sur les volumes, les matières et un design contemporain. Le mariage des perles et des pierres de couleur, qui est au cœur de mon travail, m’intéresse particulièrement. J’ai cherché à associer la pureté des perles à la vivacité des pierres colorées. Je trouve qu’elles se répondent divinement bien et que cela apporte une touche de fraîcheur et de dynamisme.
Pour finir sur un petit conseil : saviez-vous que les perles peuvent « mourir » si elles ne sont pas portées ? Elles ont besoin d’être hydratées pour garder leur éclat, et le fait de les laisser trop longtemps dans un coffre peut leur faire perdre leur brillance. Attention cependant, elles n’aiment pas les cosmétiques, les crèmes et les parfums ! Toute la complexité des perles ! C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle j’ai imaginé la collection Fidji. En m’inspirant, entre autres, du volume tout en rondeur de la perle mais avec l’idée d’un bijou à porter au quotidien.
Alice.